La miroiterie en péril !

Nous ouvrirons nos portes au public pour la dernière fois peut-être : alors que tout Ménilmontant s’apprête à fêter ses artistes à l’occasion de l’opération Portes ouvertes (25-28 septembre), la Miroiterie se prépare à affronter la justice, le 29.

Du 25 au 28 septembre le squat d’artistes installé depuis 10 ans dans l’ancienne Miroiterie Bosch, au 88 rue de Ménilmontant La Miroiterie, accueillera les curieux avec des ateliers de capoeira, des concerts, des visites d’atelier. Plasticiens, peintres et musiciens résidents joueront ainsi jusqu’au bout leur rôle d’activistes culturels dans un quartier populaire que nous avons contribué à transformer, en 10 ans d’occupation.

Puis, la fête finie, c’est devant le Tribunal de Grande instance de Paris que la vingtaine d’artistes résidant au 88, rue de Ménilmontant raconteront l’aventure du plus ancien squat artistique de Paris, qui s’achève avec le rachat de l’ensemble des lots par un marchand de biens, et un procès pour occupation sans titre.

Alors qu’une négociation était en cours, à l’initiative du nouveau propriétaire des lieux, la Miroiterie s’était trouvé assignée en plein mois d’août, dans des délais et des formes inhabituels. Un coup de force à la limite de l’intimidation qui n’avait pas convaincu la Justice : le procès avait été reporté au 29 septembre.
Par un curieux détour tactique, un second front a été ouvert devant le Tribunal d’instance, où passeront en jugement une partie des résidents le 16 octobre.

Quelle que soit l’issue du procès, les occupants de la Miroiterie n’entendent pas laisser enterrer un lieu emblématique sans faire connaître leur bilan et d’une manière générale, ce qu’apportent à Paris, capitale culturelle, des lieux de création en lisière des institutions.
Sur Facebook, le groupe « La Miroiterie menacée d’expulsion » rassemble plus de 6000 membres en France et à l’étranger, et une pétition a déjà réuni plus de 5000 soutiens.

Contact : miroiterie@live.fr
http://www.facebook.com/home.php#/profile.php?id=1591904069&ref=mf
Et la pétition http://www.mesopinions.com/Soutien-a-la-Miroiterie-menacee-de-fermeture-petition-petitions-a49933ab6d5a48ad64ffad040fa13156.html

PROGRAMME PORTES OUVERTES LA MIROITERIE

VENDREDI 25 SEPTEMBRE
Ateliers artistes ouverts au public l’après-midi
Capoeira 17h à 22h àsalle de danse
18h / 22h Big Band Jazz Workshopde La Miroiteriesous la direction de Raï Fernandez "El Ambassador" Bonini, Jeff Sicard, Benjamin Sanz, Johan Blanc, Macek Lasserre...Participation libre

SAMEDI 26 SEPTEMBRE
Ateliers artistes ouverts au publicl’après-midi
Capoeira17h à 22hà salle de danse
Fanfare
19h / 22h Concert Boobie Trap (punk rock – USA)Garage Lopez (punk-rock – Paris) Entrée 5€

DIMANCHE 27 SEPTEMBRE
Ateliers artistes ouverts au public l’après-midi
Capoeira17h à 22h à la salle de danse
Fanfare
20h Concer Fantazio Participation libre

LUNDI 28 SEPTEMBRE
Ateliers artistes ouverts au public l’après-midi
Capoeira17h à 22h à la salle de danse
14h à 20hprojections de films 16mm Kung Fu / horreur présentés par Andy Bolus / Renaud Revert à salle de concert
20h / 22h Concert noise et expérimental Evil Moisture + Andy Bolus+ Pentothal+ Sonic Surgeon à la Salle de concert Participation libre

LES ATELIERS OUVERTS :

Alexander Deanesi: peintre (Italie)
Andy Bolus : musicien/plasticien ( Grande Bretagne )
Ramiro Malaghaès : plasticien inventeur d'instruments ( Brésil)
Olivier O'Guesselé: plasticien
Michel Benoît: peintre
Bernard Morlon : peintre
Frédéric Atlan: plasticien/musicien
Renaud Revert: peintre
Pierre-Yves Belfils : sculpteur
Charlotte Poignard :peintre/illustratrice
Anastasia Bolchakova : plasticienne
Fabio Del Seppia : peintre
Renaud Jougla : sculpteur
Juan Carlos Gozales : percussioniste
Xavier Brault : peintre
Fubuya : professeur de capoeira

La Miroiterie, 10 ans de création

La Miroiterie est depuis 1999 un lieu de référence sur la scène musicale parisienne, accueillant de nombreux groupes majoritairement étrangers pour des concerts accessibles à tous moyennant quelques euros.
Avec 4800 groupes invités en 10 ans, la Miroiterie a irrigué tout un quartier devenu tendance, où se sont concentrées des institutions plus commerciales, bars et salles de concert.

Elle abrite et a abrité des artistes connus bien au-delà de l’hexagone, en quête d’un espace de travail à Paris malgré la flambée immobilière, ou amoureux des lieux ouverts et périphériques. Actuellement, 12 plasticiens et 8 musiciens y travaillent, issus d’horizons variés, France, Angleterre, Italie, Brésil, Maroc, Guatemala, Japon, Mexique....

Archétype des « espaces ouverts » qui alimentent souterrainement la création des grandes villes européennes, la Miroiterie peut aujourd’hui faire valoir son bilan comme lieu de production artistique, comme scène musicale libre, et comme pôle structurant pour le quartier de Ménilmontant.

Un lieu de production

Dans les années 50, avant la venue des miroitiers, l’espace du 88 rue de Ménilmontant était déjà un espace où se croisaient des artistes pas encore annexés par l’histoire de l’art officielle: sur les photos prises alors en ces lieux par Willy Ronnis, on pouvait voir Pipard, ou encore Jacques Prévert.

Lorsqu’en 1999 le lieu est abandonné, de nombreux artistes y trouvent les ateliers, parfois de simples caves, qui leur permettent de produire et parfois d’exposer dans la galerie attenante.

Quelques artistes ayant résidé à la Miroiterie :
Thomas Aubin : photographe
Popay: peintre
Fantazio: musicien
Jacques Chauchat : peintre
Elach : peintre
Iro DoÏ: plasticien/musicien
Signal électrique : musicien
Dominique Pardoux : sculpteur
Sandrine Peyroux: peintre
L'Echo Raleur : chorale
Alex Mouglalis: poète
Abdel : danseur de Butô
Philippe Mariana : photographe
Tamara Botkine : plasticienne
Dgiz : slamer
Elise Berthier : chorégraphe
Nayeli Alvaro : musicienne
Christophe Bouquet : monteur cinéma
Artétick : artistes performers
Collectif plastilux : cinéma expérimental
B Roy : musicien
Willyman: musicien
Johan : sculpteur
Tristan Edern Vaquette: performer
Foxi Chen Li : photographe
Claire boucher : art numérique
Pharos: sculpteur

Une scène ouverte

Expositions, théâtre, concerts, performances, projections… Il n’y a pas d’exemple à Paris d’espace aussi farouchement « ouvert », accueillant à tous genres et toutes productions artistiques, notamment dans le domaine musical, et sans objectif commercial.

A la Miroiterie, on a ainsi beaucoup montré, écouté, exposé en 10 ans.

La salle de concert est offerte à qui veut, sans contrainte de genre, de programmation : un simple calendrier organise l’activité de la salle la moins chère de Paris (0 à 5€). Tous les dimanches se tiennent des jam sessions accueillant des pointures du jazz mondial.

Plus de 4500 groupes du monde entier s’y sont produits, dans tous les styles musicaux, avec une prédilection pour le jazz, le punk rock, mais aussi des genres moins courants intra-muros, comme la musique expérimentale, le noise et le rap : la Miroiterie est en effet la seule scène parisienne à accueillir du rap gratuitement ou presque..

Quelques artistes qui ont joué à la Miroiterie :
Manu Chao : world music
Bobby Few (jazz, Etats-Unis)
Ousmane Keita (jazz, France)
Hervé Samb (jazz, France)
David Murray (jazz, Etats-Unis)
Sabir Mateen (jazz, Etats-Unis)
Mika Vainio de Pansonic (électronique, Finlande)
Discharge (punk, Grande Bretagne )
Yacopsae (death metal, Allemagne)
Total Chaos (punk-rock, Etats-Unis)
Hair police (noise, Etats-Unis)
Boris Blanchet (jazz, France)
Yon Zelnik (jazz, France)
Ernest Dawkins (jazz, Etats-Unis)
Lucas Abela (experimental, Australie)
Sicksicksinners (punk-rock, Brésil)
Wolf Eyes (noise, Etats-Unis)
Nurse with wound (experimental, GB)
Runzelstirn & Gurgelstok (noise, Allemagne)
Whodunit (punk-rock, France)
World Inferno (punk-rock, Etats-Unis)
Section d’assaut (rap, France)
Dissidence (rap, France)
Citizen Fish (punk, Grande Bretagne )
Sub Humans (pun

L’espace accueille également des projections de cinéma (hebdomadaires jusqu’en 2005), avec des documentaires, des fictions et du cinéma expérimental.

Un pôle structurant dans le quartier

Derrière le quartier des amandiers, avant les tours de Belleville, la Miroiterie est nichée au cœur d’un quartier qui ne fut pas toujours branché, qui reste populaire et parfois dur : elle y a trouvé sa place, en offrant un toit à tous ceux qui le demandaient, errants, SDF ou jeunes en rupture familiale.

Fait remarquable, elle a conquis le respect des cités environnantes, qui la reconnaissent comme un acteur du quartier, qui apporte quelque chose – au-delà du « magasin de vêtements gratuits », des repas offerts chaque semaine, des cours de danse indienne et de capoeira qui y sont dispensés.

Le rôle local de la Miroiterie est si évident qu’au fil des ans certains en sont venus à croire qu’il s’agissait d’un espace financé par la Mairie de Paris ou quelque organisme public. Il est vrai qu’on y croise parfois les caméras d’Arte ou les micros de France Inter venus capter un concert… une forme de légitimation pour un lieu « sauvage » mais farouchement social.

Dans le même temps, elle attirait l’attention des jeunes branchés sur un quartier dédaigné, qu’elle a contribué à lancer, avant l’installation de salles commerciales comme la Bellevilloise et la Maroquinerie, de lieux en vogue comme le Café des Sports.

Cette transformation de Ménilmontant n’a pas été vue d’un bon œil par tout le monde : une association de quartier s’est montée contre la Bellevilloise. Pour sa part la Miroiterie, dont les concerts s’arrêtent pourtant à 22h, a fait l’objet l’an dernier d’une pétition. Une protestation anecdotique, si l’on considère qu’elle n’a fédéré que 60 personnes, dont toutes étaient loin d’être domiciliées à proximité. Pourtant, habilement instrumentalisée par un spéculateur immobilier, cette pétition peut nuire à la Miroiterie… à moins que la Ville de Paris, jusqu’à présent sensible à l’apport des lieux d’expérimentation sociale et artistique, ne décide in fine d’intervenir.

N'oubliez pas la pétition en ligne