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Bazarboy's diary
10 mai 2011

10 mai 1981

FMitterrd81

« Il y a deux manières d’aborder une revendication sociale. La première consiste à additionner les difficultés pour justifier qu’on y renonce. La seconde à considérer qu’il s’agit d’une exigence de justice et que, si l’on fait le compte des obstacles, c’est avec la volonté de les surmonter »
, écrivait François Mitterrand en 1980 (1). Sept ans plus tard, pourtant, au terme du premier mandat du président socialiste, Lionel Jospin sonnait le glas du volontarisme politique qui avait marqué les premiers mois du gouvernement de gauche — nationalisation des banques et des grands groupes industriels, retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, augmentation des minima sociaux. Il annonçait en effet : « La période des grandes réformes ne se renouvellera pas (2).  »

Les « réformes » allaient reprendre, mais en changeant de sens. Il ne s’agirait plus de réduire les inégalités sociales, mais d’accroître la rentabilité des entreprises ; plus d’élargir les marges de manœuvre de la puissance publique, mais de généraliser aux services publics la logique du marché ; à l’information et à la culture, celle de l’audimat et de la publicité. Ceci dit, le réformisme de la gauche a également concerné des questions de société, à propos desquelles les socialistes peuvent pointer de réelles avancées (suppression des juridictions d’exception, abolition de la peine de mort, fin des discriminations liées à la sexualité).

Paradoxalement, le seul président socialiste élu en France depuis Vincent Auriol en 1947 aura néanmoins compté au nombre des agents les plus performants de l’affaiblissement en France de l’idée de socialisme. Sa popularité actuelle dans les milieux dirigeants de l’entreprise et des médias ne s’explique peut-être pas autrement…

Pour les adversaires de la gauche (et pour les éléments les plus modérés de celle-ci), le bilan des années Mitterrand a ceci de réconfortant qu’il paraît avoir confirmé qu’un pays enserré dans l’économie mondialisée serait voué à perpétuer l’ordre social. L’échec du projet de « rupture avec le capitalisme » de Mitterrand permet ainsi à la droite de prétendre qu’il n’existe aucune alternative viable au libéralisme économique qu’elle défend : « Ce qui était socialiste n’a pas marché. Ce qui a marché n’était pas socialiste (3).  »

Les socialistes modérés, pour leur part, se montrent d’autant plus prompts à exagérer les « erreurs » volontaristes de leur programme de 1981 qui aspirait à « changer la vie » que cela leur permet de célébrer le nouveau « réalisme » de leurs projets successifs (4). Ils n’aspirent plus dorénavant qu’à « réguler le capitalisme », ce qui explique qu’un des leurs dirige le Fonds monétaire international (FMI), pendant qu’un autre pilote l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

En définitive, la question n’est pas tant de savoir, trente ans après, si les socialistes ont « échoué » ou s’ils ont « réussi ». Ils ont échoué sur le front de l’emploi et sur celui de l’égalité sociale. Ils ont réussi sur ceux de l’inflation et des taux de profit. Le problème, c’est qu’on attendait d’eux qu’ils livrent la première bataille, pas qu’ils remportent la seconde.

Serge Halimi

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Commentaires
B
Pour le coup il a pas débuté un 10 mai mais surement plus un 11 septembre...
N
Et oui, c'est ça aussi le 21ème siecle...
B
SALE GAUCHISSE !!!<br /> <br /> Ce qui est sur c'est que fêter les 30 piges du "Mittrand" en ce moment aurait tendance à te donner envi de chialer en comparaison avec ce que l'on subit aujourd'hui
N
Hello,<br /> Je voudrais juste ajouter deux, trois petits trucs qu'il ne faut pas oublié.<br /> Le contexte de l'époque est plus que chaud, les USA et les british se fardent respectivement Reagan et Thatcher et l'heure est à la tune pour pas chere et à la normalisation de la misere, etc.<br /> De ce point de vue, on s'en est plutôt bien tiré.<br /> Le Mitterand il fait peur à pas mal de monde avec son programme commun avec les cocos. ca fait marrer aujourd'hui mais à l'époque pas trop (visite du vice-président américain, j'ai nommé Mr. Bush père, pour savoir ce qu'il comptait faire exactement avec ces loulous rouges, et tout, et tout).<br /> De plus, la santé économique du pays (post-choc pétrolier) est pas terrible quand ils arrivent (un grand merci à Raymond Barre), le chomage grimpe comme y faut, même si ça n'a rien avoir avec les chiffres d'aujourd'hui.<br /> Mitterand était favorable à une sortie du franc du systeme monétaire européen afin de faire son business dans son coin. Pierre Mauroy et Jacques Delors l'en dissuadèrent.<br /> C'est suite à des attaques sévères contre le franc ainsi que des fuites de capitaux saluant l'arrivé de la gauche au pouvoir, qu'eu lieu les fameuses dévaluations à la fois maladroites et mal foutus et mal vécues.<br /> Ah la volonté d'avoir un franc "fort"...<br /> En tout cas ce qui sonne le glas des espoirs d'équités c'est à mon sens l'arrivé d'un certain Jacques Delors au ministère des finances qui décide du truc le plus pourri avec lequel on se bouffe encore les couilles aujourd'hui, l'arrêt de l'indexation des salaires sur les prix.<br /> Ca se fait finn 1982, je crois... Un merveilleux cadeau pour les entreprises et le monde de l'argent<br /> Le prix à payer pour exercer le pouvoir ????<br /> reste quand même un "environnement" social plus large, des prestation sociales nouvelles (remboursement de l'IVG, salaire minimum, recrutement de fonctionnaires, etc.) ou l'impot sur la fortune.<br /> Et puis, on a quand même eu un ministere du temps du temps libre (rapport à 1936 et le front populaire) et ça c'est vraiment chouette.
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